Lucien de Samosate
Biographie
Lucien de Samosate est un rhéteur et satiriste qui écrivait en grec, dans un style néo-attique. Il fut sculpteur puis avocat, et voyagea dans tout l'Empire romain.
Lucien naquit à Samosate, capitale de la Commagène, province de Syrie. Ses parents le destinaient à la profession de sculpteur, mais il abandonna le maître à qui on l'avait confié, frère de sa mère, dès la première leçon. Il s'adonna tout entier à l'étude des belles-lettres, et il fut bientôt en état de tirer parti de ses talents. Jusqu'à l'âge de quarante ans, il se borna à plaider ou à donner des leçons de rhétorique, d'abord à Antioche, puis à Athènes. C'est alors qu'il commença à écrire pour le public et à voyager. Il vint en Italie et y fit un assez long séjour. Il passa de là dans les Gaules, puis en Asie Mineure. Enfin, il se fixa en Égypte, où l'empereur Marc Aurèle lui assigna d'importantes fonctions administratives et judiciaires. C'est à Alexandrie probablement qu'il mourut, dans les premières années du règne de Commode.
Avant d'arriver aux honneurs, il avait déjà acquis fortune et renom. Ses écrits rencontraient du succès, et il recevait des sommes considérables pour les leçons et les déclamations qu'il faisait sur son passage, à la manière des sophistes et des rhéteurs du temps. Après avoir raconté le songe qui avait déterminé, disait-il, sa vocation littéraire, il ajouta : « Tel qui aura entendu le récit de mon songe sentira, j'en suis sûr, le courage renaître dans son âme. Il le prendra pour exemple ; il réfléchira à ce que j'étais, lorsque j'entrai dans la carrière et me livrai à l'étude sans rien redouter de la pauvreté qui me pressait alors ; et il voudra m'imiter, en voyant en quel état je suis revenu vers vous, non moins illustre qu'aucun sculpteur, pour ne rien dire de plus. »
On lui attribue plus de quatre-vingts œuvres. Un ouvrage important écrit en dialecte ionien, De Dea Syria (La Déesse syrienne), décrit ce qu'il a connu du culte d'Atargatis à l'époque romaine, dans la ville sacrée d'Hiérapolis de Syrie. Il inventa la forme du dialogue humoristique, entre le dialogue philosophique et la comédie. Ses dialogues les plus connus sont les Dialogues des dieux et Dialogues des morts. Il a aussi écrit de nombreux dialogues pour ironiser en un style proche des cyniques contre les philosophes. Il se moquait de la naïveté des chrétiens dans La Mort de Pérégrinus. Il écrivait aussi des exercices de rhétorique comme des éloges ironiques (Éloge de la calvitie, une réponse à l'Éloge de la chevelure de Dion Chrysostome, Éloge de la mouche, etc.).
Lucien est parfois considéré comme un des pères de l'esprit critique. Loin de s'en prendre aux seuls chrétiens, il démonte toutes sortes d'impostures magico-religieuses. Ainsi, dans son Alexandre, ou le faux prophète, il décrit et explique les pratiques et les tours de passe-passe d'Alexandre d'Abonotique.
Œuvres
Histoires vraies, Dialogue des morts, Le Songe, Timon ou le misanthrope
Ses citations
(23)-
Anthologie Palatine, XI, 436
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Vois–tu un crâne d'œuf, une poitrine nue, des épaules à l'air ? Ne cherche pas longtemps ! C'est un chauve, un cynique, un sacré farfelu !
Anthologie Palatine, XI, 434 -
Ô peintre, tu saisis, certes, les traits humains, mais tu ne peux jamais reproduire sa voix qui ne se fixe pas sur l'objet que tu peins.
Anthologie Palatine, XI, 433 -
Un idiot dévoré par des puces grouillantes éteint sa lampe et dit : « J'ai disparu, méchantes ! »
Anthologie Palatine, XI, 432 -
Tu manges vite mais tu cours sans te presser : cours donc avec ta bouche et bouffe avec les pieds !
Anthologie Palatine, XI, 431 -
Pour toi, la barbe fait le parfait philosophe : alors, un bouc barbu a de Platon l'étoffe.
Anthologie Palatine, XI, 430 -
Acyndine, égaré parmi les siroteurs se voulait de garder et raison et rigueur. En fait, c'est lui qu'on prit pour un parfait buveur...
Anthologie Palatine, XI, 429 -
Pourquoi lessives–tu la peau de cet Indien ? C'est proprement crétin ! Car comment la lumière pourrait–elle émerger dans cette nuit austère ?
Anthologie Palatine, XI, 428 -
Muet, on croit en ta sagesse grâce à tes longs cheveux; Mais dès l'instant où tu digresses il ne reste plus qu'eux !
Anthologie Palatine, XI, 420 -
Des fards, même de choix, ne changeront Hécube en Hélène de Troie.
Anthologie Palatine, XI, 408 -
Artémidoros est toujours dans ses calculs et ne dépense rien. C'est pour cela qu'il est comparable à la mule qui porte sur son dos les plus riches des biens mais qu'on nourrit de foin !
Anthologie Palatine, XI, 397 -
Plus de ce vin, veux–tu, en ce moment, je n’ai plus de laitues...
Anthologie Palatine, XI, 396 -
Pas de poète en train de massacrer des vers. Ainsi, tu n'auras pas à parler de grammaire !
Anthologie Palatine, XI, 10 -
La fortune peut tout, dût-elle nous surprendre, élevant le petit et abaissant le grand.
Anthologie Palatine, X, 122 -
L'homme qui s'aigrit à compter sans arrêt, qui passe ses journées à accroître avec peine son argent est pareil à l'abeille faisant son miel en attendant qu'un autre le lui prenne.
Anthologie Palatine, X, 41 -
Si la chance t'étreint, hommes et dieux t'aimeront et tes prières seront une à une exaucées. Que le malheur survienne, et tout aura cessé : Et la Fortune ira vers d'autres horizons.
Anthologie Palatine, X, 35 -
Les objets, les couleurs et la chose sonore, tout passe, excepté nous qui connaissons la mort.
Anthologie Palatine, X, 31 -
Les bienfaits les plus prompts sont souvent les plus doux. Un bienfait en retard n'est plus « bienfait » du tout !
Anthologie Palatine, X, 30 -
Prenons notre temps pour une décision : Allons à la va-vite et nous le regrettons.
Anthologie Palatine, X, 37 -
Brève est la vie pour l'homme bienheureux, Trop longue aussi pour l'homme douloureux.
Anthologie Palatine, X, 28