Diogène de Sinope
Biographie
Diogène de Sinope, également appelé Diogène le Cynique, est un philosophe grec et le plus célèbre représentant de l'école cynique. Il est contemporain de Philippe II de Macédoine, qui le fit prisonnier après la bataille de Chéronée, et de son fils Alexandre.
Disciple de Xéniade et d'Antisthène, il devient le maître entre autres de Monime. Parmi tous les auteurs cyniques, c'est sur Diogène que la légende a accumulé le plus d'anecdotes et de mots d'esprit, issus notamment de l'ouvrage de Diogène Laërce Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres qui relève du genre littéraire de la chrie, cette foison rendant leur authenticité douteuse. Les portraits de Diogène qui nous ont été transmis divergent parfois, le présentant tantôt comme un philosophe, débauché, hédoniste et irréligieux, tantôt comme un ascète sévère, volontaire, voire héroïque.
La masse d'anecdotes légendaires sur Diogène de Sinope montre en tout cas que le personnage a profondément marqué les Athéniens. Il vivait dehors, dans le dénuement, vêtu d'un simple manteau, muni d'un bâton, d'une besace et d'une écuelle. Dénonçant l'artifice des conventions sociales, il préconisait en effet une vie simple, plus proche de la nature, et se contentait d'une jarre – en grec pithos – pour dormir.
Diogène avait l'art de l'invective et de la parole mordante. Il semble qu'il ne se privait pas de critiquer ouvertement les grands hommes et les autres philosophes de son temps (parmi lesquels Platon). Les apostrophes les plus connues qui lui sont attribuées sont : « Je cherche un homme » - phrase qu'il répétait en parcourant la ville avec sa lanterne - et « Ôte-toi de mon Solei » (réponse au roi de Macédoine, Alexandre, qui était venu lui demander s'il avait besoin de quoi que ce soit).
C'est en partie à cause de leurs traits scandaleux que les écrits de Diogène tombèrent dans l'oubli quasi total. En effet, Politeia (La République), ouvrage écrit par Diogène, repris et appuyé plus tard par la Politeia de Zénon de Cition, s'attaquait à de nombreuses valeurs du monde grec, en admettant, entre autres, la liberté sexuelle totale, l'indifférence à la sépulture, l'égalité entre hommes et femmes, la négation du sacré, la remise en cause de la cité et de ses lois, la suppression des armes et de la monnaie, l'autosuffisance. Par ailleurs, Diogène considérait l'amour comme étant absurde : on ne devait s'attacher à personne.
On lui prête aussi le raisonnement suivant : « Tout appartient aux dieux ; or les sages sont les amis des dieux et entre amis tout est commun ; donc tout appartient aux sages. »
Certains stoïciens, pourtant proches du courant cynique de Diogène, semblent avoir préféré dissimuler et oublier cet héritage jugé « embarrassant ».
Å’uvres
La République
Ses citations
(15)-
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On vante ceux qui méprisent les richesse, et l'on se garde bien de les imiter.
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Les orateurs parlent sur ce qui est juste, et ne s’embarrassent pas d'observer la justice.
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Les astronomes considèrent le soleil, la lune, les étoiles, et négligent ce qui est à leurs pieds.
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Les grammairiens étudient les aventures malheureuses d'Ulysse et restent dans l'ignorance sur leurs propres maux.
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Pourquoi l'on donne plutôt aux mendiants qu'aux philosophes ? C'est qu'on peut bien avoir peur de devenir aveugle ou boiteux ; mais, quand on n'est pas philosophe, on ne craint pas de le devenir jamais.
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Quand faut-il se marier ? Les jeunes gens ne le doivent pas encore, et les vieillards ne le doivent jamais.
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Quel est l'animal dont la piqûre est la plus dangereuse ? Entre les animaux féroces, c'est le délateur ; et entre les animaux familiers, le flatteur.
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Les esclaves servent leurs maîtres, et les méchants leurs passions.
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Les gens qui donnent dans le luxe ressemblent à ces figuiers qui naissent sur les bords des précipices. Ce ne sont pas les hommes qui en cueillent les fruits, mais les corbeaux et les vautours.
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Il n'est pas de lois sans société civile, ni société civile sans lois.
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Quelle est la meilleure manière de se venger de ses ennemis ? C'est de se montrer estimable.
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L'amour est l'occupation des gens désœuvrés.
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Les hommes de bien sont les images des dieux.
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La cupidité est la métropole de tous les maux.